Pied de poule au Théâtre de l’Ile. cette reprise annonce un avenir marqué par des comédiens communautaires doués.

Pied de poule au Théâtre de l’Ile. cette reprise annonce un avenir marqué par des comédiens communautaires doués.

 

Pied de poule, Photo Le Droit, 6 mai 2019

. J’ai eu l’occasion de voir cette production au Théâtre de l’île  où je n’avais pas mis les pieds depuis des mois et quel choc de me trouver dans cette  merveilleuse  salle de réception, sous une belle  toiture en verre et des fenêtres ouvertes à  toute la verdure qui  entoure la maison. On pouvait respirer les pelouses exquises, et observer les castors au bord du Ruisseau de la Brasserie en train de grignoter des troncs d‘arbres  en préparant la construction de leurs  barrages. Une ambiance unique dans toute la région, dont le public  devrait profiter.

Mais revenons au spectacle en question après ce premier choc si agréable!  Le  théâtre musical  est sans aucune doute une des formes spectaculaires que les anglophones identifient  le plus  à la francophonie canadienne. L’incontournable Notre Dame de Paris, Starmania, Les  Belles-soeurs et tant d’autres de grande qualité ont marqué les scènes du Centre national des Arts (Ottawa).   Pied de poule, une reprise communautaire de la comédie musicale  créée en 1982 par le comédien et metteur en scène Mark Drouin, est une parodie du monde artistique peuplé par  tous ceux qui cherchent un avenir au cinéma  hollywoodien. Il s’agit d’une adaptation de sa propre pièce  intitulée François Perdu, Hollywood PQ et le  résultat est une forme de mise en abyme, un spectacle dans un spectacle qui nous entraine loin dans ce monde de jaloux et d’ ambitieux.  Les neuf comédiens de cette reprise, se livrent avec une frénésie sans limite  aux chants, aux  numéros de danse à partir de  tous les rythmes possibles, et des moments de jeux dramatiques qui exigent  un sens d’auto-dérision et de talent comique exceptionnel. Les costumes et le maquillage correspondent à cet esprit de Kitsch qui dominent l’esthétique de la scène.

Je dois dire que malgré un espace scénique un peut réduit, qui limitait les mouvements du groupe, la metteure en scène Caroline Yergeau a pu mener sa bande de neuf comédiens avec beaucoup de  brio. Toutefois, ce sont  surtout les interprétations individuelles de certains participants qui m’ont frappée et qui augurent bien pour l’avenir de cette compagnie.

Isabelle Cloutier le personnage quasi-prédateur de la Productrice  de cinéma, Desmone Bigras, ou «Big»,   a fait ressortir  le côté sauvage presque animal  de cette figure sinistre, prête à tout pour assurer la réussite de son film.  Sa manière de devenir  à la fois drôle et dangereuse évoquait une présence extrêmement  inquiétante et galvanisait l’attention de  la salle. Gabrielle Lemire  joue Olive Houde,   la petite vedette du film dont le héros, François Perdu (Simon Cousineau) tombe amoureux. Lemire a non seulement une voix époustouflante qui atteint tous les niveaux possibles, mais elle évoque l’image de la très jeune Brigitte Bardot, et nous donne l’impression qu’elle pourrait aller très loin autant  sur la scène qu’ à l’écran.  Jasmine Patenaude, la dominatrix Dre Gaillard Singapour Sling, une figure puissante, dont la voix extrêmement dramatique s’imposait surtout pendant le jeu  parodique du deuxième acte  à Hong Kong, au sujet du  « Chinese General Hospital ».

Julie Racicot qui interprétait Dolbie Stéréo et Moka Crispie s’est fait remarquer par son interprétation  solo de Pied de Poule et son interprétation de la Rockeuse, des numéros  important et très bien menés.   Je dois remercier Nathaniel Bouchard qui a attiré mon attention sur ce lapsus car il y a eu tant de monde et tant de personnages fantaisistes et  malheureusement,  j,ai négligé son nom dans un premier temps

Les  deux  Groupies  Geneviève Gaëtan  et Sophie  Régimbald ont réussi des interventions surprises et s’en tirent  extrêmement bien aussi alors que Le policier Roger (Serge  Paquette) et la policière Marcelle (Capucine Péchenart), ont imposé un jeu comique vraiment professionnel.

Simon Cousineau, l’innocent victime de l’ambitieuse Desmone Bigras, s’en tire assez bien mais comme Caroline Yergeau a assuré un rythme soutenu elle a entretenu un mouvement d’ensemble, ce qui était important même si j’aurais  souhaité que toute cette  musique excitante et ces  numéros d’énergie folle se déroulent dans un espace beaucoup plus grand pour que chaque interprète puisse s’éclater à sa guise.

Peu importe.  Il fallait beaucoup de courage pour entreprendre ce spectacle et le résultat était surtout la découverte  de  ces citoyens-artistes de la région dont la plupart étaient  exceptionnellement  doués.   Pied de poule continue au Théâtre de l’île jusqu’au 8 juin. Pour retenir des places appeler Gatineau/spectacle 819-243-8000

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