Kafka adapté à la scène du Teatro replika de Madrid par Jaroslaw Bielski

Kafka adapté à la scène du Teatro replika de Madrid par Jaroslaw Bielski

El proceso – Le procès

D’après le roman de Franz Kafka

Adaptation vers l’espagnol et mise en scène Jaroslaw Bielski

Au Teatro Replika à Madrid Novembre 2020

Une nouvelle adaptation de ce roman qui fait ressortir l’impuissance de l’homme actuel dans ce monde qu’il ne comprend plus. Il ne sait plus s’il est vraiment coupable de ne pas se plier au conformisme radical généralisé. Il ne sait plus ce qu’il peut faire et ne doit pas faire.

Jaroslaw Bielski ressort un aspect peu fréquemment noté de cette œuvre, son érotisme sous latent de la part d’un Kafka ayant des relations difficiles avec les femmes. Une sorte de culpabilité cachée de l’auteur.

Le décor est simple, de grands panneaux transparents encadrent la scène, ménageant ainsi des passages, des entrées et des sorties mais en même temps l’image angoissante d’êtres derrière ces panneaux, menaçant, épiant.

Une estrade au milieu de la scène, composé de plusieurs cubes qui, manipulés par les acteurs, deviennent un lit, l’estrade sur laquelle l’avocat est assis.

Les costumes, très suggestifs, cuissardes noires, vestes marron, visière de protection du type utilisé pour se protéger actuellement du virus qui nous assaille. L’emblème de ce pouvoir : un serpent tenant un seul plateau de la balance de la justice.

Deux actrices vêtues de façon provocante, l’avocat dans son lit en slip accompagné d’un autre accusé en sous vêtements féminins.

Josep K. se réveille un matin et se prépare pour aller travailler quand surgissent deux personnages habillés avec ces cuissardes noires, veste et visière transparentes, qui lui annoncent qu’il est arrêté, accusé et lui enfilent une veste avec le symbole de la justice, un serpent et un plateau de la balance.

Bien sûr Josep K. se rebelle, pense que c’est une farce de ses collègues.

Peu à peu il va passer de la révolte à l’incompréhension puis à la résignation. Ces deux gardiens vont le tuer à la fin et la seule chose qu’il dira c’est “comme un chien”.

Lorsqu’il va voir l’avocat qui pourrait l’aider, il le trouve dans un lit, à moitié dénudé et avec un autre condamné en tenue féminine légère.

Les femmes qu’il rencontre essayent de l’attirer tout en lui disant que son cas est très compliqué.

À chaque rencontre, avec l’autre condamné, l’avocat, un peintre, il est exploité et tous lui confirment que son cas est très compliqué mais jamais personne ne lui donne la raison de ce procès.

Le cheminement de Josef K. qui s’enfonce chaque fois plus dans la révolte, l’incompréhension et enfin la résignation est marquée par le jeu de l’acteur et l’ensemble des personnages qui l’entourent le réduisent à son état de coupable, sans espoir de pouvoir s’en sortir.

Un cheminent angoissant qui nous fait penser à ce que nous pouvons vivre dans l’ambiance actuelle de jugement permanent de ce qu’il faut dire et de ce qu’il est interdit de dire et de penser.

Les moments d’érotismes apportent une légère bouffée de liberté, bien vite étouffée.

Une vue de l’œuvre de Kafka enrichie par tous ces aspects, qui, respectant l’œuvre, nous apporte une lecture plus complexe et plus riche, tout en nous renvoyant une image inquiétante de notre univers.
François Guillon,Madrid

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