Roland Sabra, Madinin-art.
La pièce « La nuit des assassins » écrite par José Triana à Cuba en 1964 a connu et connait encore un succès mondial plus particulièrement en Amérique du Sud et en Europe. De quoi s’agit-il ? Enfermés dans un grenier deux sœurs et un frère imaginent, miment, mettent en scène l’affirmation hégélienne bien connue selon laquelle« les enfants sont la mort des parents ». Prurit boutonneux, crise d’adolescence, révolte contre le Père ? Se contenter de cette lecture serait bien superficielle. Les frères Castro ne s’y sont pas trompés. Ils y ont vu un appel à la résistance à l’oppression et leur sens développé de la démocratie, comme chacun sait, a conduit au début des années 1980 José Triana à l’exil en France.
Il y a donc Lalo et ses deux sœurs, Beba et Cuca livrés à eux-mêmes, père et mère absents, et qui vont donner libre cours à leurs fantasmes de meurtre, d’assassinat de leurs parents, noyés dans l’illusion régressive que la liberté consiste à se débarrasser de la loi fût-elle simplement dans sa formulation première, familiale. S’affranchissant de toute contrainte formelle ils incarneront tour à tour leur rôle, celui des parents, des voisins, des forces de l’ordre, de la justice jetant le spectateur dans un trouble volontaire. La déconstruction apparente du fil narratif qui en résulte est l’image de la déconstruction de l’ordre social produite par la disparition du principe d’autorité.
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