Visiones de la Cubanosofia. le nouveau théâtre cubain.
La Reina de la Fritanga. Photo: Nelda Castillo, Teatro del ciervo encantada
Le spectacle, présenté au théâtre La Capilla dans le quartier El Vedado de la Havane, est réalisé par la troupe El ciervo encantada, sous la direction de Nelda Castillo. Sur une petite scène, on observe une série de tableaux–chocs qui représentent une vision extrêmement personnelle de l’histoire cubaine. Les figures métaphoriques, les unes plus grotesques que les autres émergent sur un échafaudage à deux niveaux, Cette incarnation scénique d’une hiérarchie sociale à la manière de Piscator, confirme la barbarie des colonisateurs dans une ambiance explicitement théâtrale.
Première image, une immense statue de la vièrge en poupée resplendissante placée au sommet de cette structure. Elle est enveloppée de velours, de dentelles et de couleurs brillantes. Encastré dans cette figure de poupée-vierge, un visage pâle presque humain, s’éveille et ouvre les yeux au moment où on entend le tintement des clochettes et la musique sacrée cubaine qui annoncent le début d’un nouveau rituel pervers. Voici la première étape de ce rituel désacralisé, la “Cubanosophie!”, dont la dynamique essentielle est le calvaire et le martyr d’une nouvelle figure christique, José Marti. La figure d’une vierge androgyne à la longue barbe noire, aux gros yeux noirs, à la bouche édentée circonscrite de lèvres rouges et au regard de plus en plus diabolique, se lance dans une diatribe violente et haineuse. Ses grognements, ses hurleme évoquent les derniers râles d’un vieux en train de mourir, alors qu’elle parle au nom d’une église méchante, raciste, et colonisatrice, avant de s’évaporer dans les coulisses.