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Des doutes et des errances»… de la théâtralité ? Gerty Dambury en Martinique

Des doutes et des errances»… de la théâtralité ? Gerty Dambury en Martinique

8 novembre 2015. Paru dans Madinin-art, Fort-de-France

— Par Roland Sabra —

des_doutes_&_des_errances-3« La théâtralité, c’est le théâtre moins le texte ». On connaît la formule, approximative et qui dans ce raccourci déforme la pensée de son auteur plus attaché qu’il n’y paraît à l’équilibre entre scène, texte et présence du spectateur. Qu’un de ces trois pôles disparaisse, s’effondre ou simplement faiblisse et il n’y a plus de représentation théâtrale. C’est qui est arrivé à « Des doutes et des errances » la pièce de Gerty Dambury, mise en scène par Jalil Leclaire et présentée au public martiniquais le 07/11/2015.
Peu après la grande grève de 2009 en Guadeloupe Gerty Dambury écrit une pièce de théâtre «  Les Atlantiques amers » dans laquelle sept personnages  échangent, s’interrogent s’affrontent, de part et d’autre de l’océan, à propos de ce mouvement qui dans son antienne «  « La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo, yo péké fè sa yo vlé an péyi an nou » pose clairement faute de pouvoir y répondre la question de l’identité. Qui est ce « nou » ? et par conséquence qui est ce « yo » Quelles en sont les composantes ? Dans quel camp sont les Békés ou leurs descendants ? Et les « métros » ? Faut-il tenir compte de la durée de leur installation ? Et ceux  péjorativement dénommés  « négropolitains » ou « nègxagonaux » ou que l’on désigne d’un autre terme plus neutre celui-ci de diaspora ? A quel titre sont-ils encore et toujours guadeloupéens -ou martiniquais- celles et ceux qui ne viennent « au pays » que pour les vacances, une année sur deux si ce n’est moins ? Droit du sol ou droit du sang ?

 

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Mary Prince

Mary Prince

mary_prince_serieuse_bis (1)Mary Prince
Mise en scène d’Alex Descas
Interprétation de Souria Adèle
Traduction et adaptation d’Emma Sudour et Souria Adèle.

Le paradoxe de ce monologue intense entre deux acteurs caractérise cette production de Mary Prince, le récit d’une femme esclave, originaire des îles anglophones de la Caraibe qui raconte la lutte pour son émancipation à partir du moment où elle arrive en Angleterre. Premièrement, il y a Souria Adèle, la comédienne qui incarne Mary Prince. Son jeu nous fait oublier le personnage comique créé par Mme Adèle (Marie-Thérèse dans Négresse de France) la femme flamboyante « au gros bonda » qui faisait rire les salles entières à Avignon. Mary Prince partage la scène avec le metteur en scène l’acteur Alex Descas (sa première mise en scène d’ailleurs) pour transformer cette rencontre avec la comédienne en véritable dialogue d’acteurs qui trahit un échange chargé d’émotion sur la manière de capter ce personnage, sans nous faire patauger dans le misére pathétique. Mary Prince est, après tout, une femme très forte et la comédienne saisit cette force tout en insistant sur un jeu intériorisé, un ton sobre et un corps presque effacé. Dans cette ambiance de lecture extrêmement raffinée, Mary Prince s’épanouit lentement, doucement et avec beaucoup de pudeur puisque le metteur en scène a pu se se mettre dans la peau de cette esclave qui aborde le récit de sa vie dans tous les détails les plus douloureux les plus honteux, les plus intimes .

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