Le Tour de l’Ile: Claude Naubert brille dans cet hommage à Felix Leclerc.
Voilà la musique de « mon pays » explique Claude Naubert alors que la scène s’allume et les interprètes investissent le petit espace du Théâtre de l’ile devant la salle de 119 places plein à craquer. Rendre hommage à Félix Leclerc, la voix exquise de la chanson populaire québécoise, n’est pas une mince affaire et l’équipe de Sylvie Dufour y a presque réussi.
Bien sûr, il n’était pas question d’imiter le chanteur . Il n’était pas non plus question d’en faire une grande production bien léchée, bien au-delà des moyens du Théâtre de l’île. Il s’agissait surtout de cerner l’ambiance intime, parfois poétique ce cette musique qui chante Le petit bonheur, la vie de tous les jours des petits gens de « chez nous », ceux qui inspiraient la vie créatrice de Leclerc qui allait des années 1950 jusqu’à la fin des années 1970.
La soirée s’est divisée en deux mouvements, dont chacun avait une orientation très différente.
Les chansons très lyriques, les sonorités douces et nostalgiques mettaient en évidence l’amour, la famille, les rêves, l’émotion, et le bonheur des agglomérations éloignées de Montréal. Le fameux « train du nord » était un moment amusant ainsi que « Mon petit bonheur » que toute la salle connaissait. .
Malheureusement la seule voix capable de cerner l’esprit néo-romantique et doucement nostalgique de Leclerc était Claude Naubert. Fin musicien, excellent chanteur et magicien de la guitare, il a pu fabriquer une belle ambiance capable de faire ressortir l’esprit de Leclerc. Les autres n’étaient pas à la hauteur. Il y a eu des problèmes de voix, des acteurs qui n’étaient pas des chanteurs ou des chanteurs dont la qualité de la voix ne convenait aux tons lyriques et poétiques de Leclerc.
Le deuxième mouvement de la soirée a mieux réussi, grâce au choix de textes. Ils ont mis en scène un sketch radiophonique, le récit très terre à terre et extrêmement drôle de la femme qui attendait que son mari crève pour pouvoir partir avec son amant. Malheureusement le pauvre a survécu ce qui a provoqué une bonne farce à la québécoise. Nous avons découvert un Félix Leclerc auteur dramatique, auteur comique, auteur d’une profonde conscience sociale et un grand créateur des scènes de la vie quasi paillardes dont les talents ne se limitaient pas du tout à la musique.
Il était évident que ces dramaticules charmantes, excessivement drôles, convenaient bien mieux aux tempéraments de ces acteurs, que le lyrisme chanté des années 1960. Par exemple Micheline Marin est bien connu pour ses spectacles chantés mais cette voix intense, comme son talent de comédienne gouailleuse convenait bien mieux au rôle de la femme railleuse qui attendait avec impatience la mort du mari alors que l’amant rodait dans les parages, en lui pinçant les fesses. Ce côté vulgaire, paillard et très terre à terre de l’œuvre de Leclerc que nous ne connaissions pas du tout, a été bien mieux servi par la petite équipe.
Toutefois, l’émotion a emporté la soirée et les gens ont eu pour leur argent. Si un couple est parti en disant que « ce n’est pas du théâtre », les autres n’étaient pas préoccupés par la forme de cette soirée, dominée par l’oeuvre du chanteur qui a laissé sa marque à travers le monde francophone.
Le Tour de l’Ile
Une production professionnelle du Théâtre de l’ile
Chansons et Textes de Félix Leclerc
Mise en scène de Sylvie Dufour
Direction musicale de Claude Naubert
Interprètes : Richard Bénard
Marc-Ancré Charrette
Micheline Marin,
Claude Naubert
Frédérique Thérien
Au Théâtre de l’ile du 12 septembre au 13 octobre, 2012