II (DEUX) du Théâtre du Nouvel Ontario et du Théâtre de la Vieille 17. Un défi de taille.
Jean Marc Dalpé (Mercier) et Elkahna Talbi (Maha)
Photo: Mathieu Girard
II (Deux) de Mansel Robinson, traduction de Jean-Marc Dalpé, mise en scène de Geneviève Pineault.
Zones théâtrales, une biennale qui regroupe des artistes des scènes francophones du Canada, a présenté neuf spectacles créés en Ontario, Québec, et Acadie (Nouveau Brunswick). qui mettent en scène des univers à la fois réalistes, singuliers et poétiques, qui s’ouvrent sur des aventures intérieures des plus troublantes.
Deux textes ont retenu l’attention : II (Deux) de Mansel Robinson (Toronto), traduit en français par le comédien et l’auteur dramatique d’origine franco-ontarienne Jean-Marc Dalpé, qu’il joue avec Elkahna Talbi. Et À tu et à moi de Sarah Migneron, avec onze comédiennes/danseuses sur le plateau. Chaque spectacle fondé sur un choix esthétique différent, présente une réflexion sur le processus de jeu et l’orientation de l’acteur dans l’espace.
II (Deux) met en scène un homme et une femme qui réagissent dans deux espaces-temps différents. Enfermés dans un lieu clos qui ressemble à une prison et à une cage, Mercier, le mari, subit un interrogatoire policier: il a assassiné sa femme Maha alors que celle-ci nous livre une confession dans un aéroport, peu avant de se faire assassiner par son mari.
Au début, l’astuce est efficace. Il s’agit de comprendre comment le mari a pu basculer dans la méfiance, la peur et la violence devant cette femme qu’il a toujours aimée. Maha est étrangère et musulmane. Elle parle de son amour, mais aussi de son malaise dans notre pays, des insultes qu’elle y subit et de la relation illicite qu’elle a avec un certain Ka .
Le personnage le plus intéressant est, bien sûr, le mari, noyé dans des discours haineux qui le bombardent de tous les côtés, et auxquels il ne résiste pas. Il se transforme en être paranoïaque assez horrible. Dalpé, crispé et déchiré par l’horreur du geste de son personnage, n’arrive pas à exprimer toutes les nuances du texte. Il a l’habitude des interprétations musclées et réalistes mais ce style d’animal agité, était de trop et on n’a pas vraiment saisi la transformation de cet être en bête qui tue. En revanche, Mme Talbi est délicate, très préoccupée par sa trahison, et recèle une grande fragilité qui attire notre sympathie.
Un beau texte qui est aussi très opportun, mis en scène par Geneviève Pineault et co-produit par le Théâtre du Nouvel-Ontario (Sudbury) et le Théâtre de la Vieille 17 (Ottawa).
Alvina Ruprecht
Le spectacle a été présenté à la Cour des Arts d’Ottawa, les 10 et 11 septembre.