Dieudonné Niangouna rend hommage à son maître, Sony Labou Tansi,

Dieudonné Niangouna rend hommage à son maître, Sony Labou Tansi,

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Théâtres francophones  

Au théâtre de la Colline:
Dieudonné Niangouna rend hommage à son maître, Sony
Labou Tansi, en adaptant l’une de ses pièces les plus célèbres,
Antoine m’a vendu son destin, et en y mêlant ses propres
textes. Un condensé de l’Afrique en un temps record, 1h30, il y
a longtemps que Dieudonné Niangouna n’avait pas présenté un
spectacle aussi resserré.Dieudonné Niangouna a 9 ans lorsque
Sony Labou Tansi et Daniel Mesguish répètent Antoine m’a vendu son destin à Brazzaville. Il observe les répétitions du spectacle
qui sera créé en 1986 au Festival International des Francophonies de Limoges

En utilisant la farce et une bonne dose de cynisme, Sony Labou Tansi décrit
à travers le desti
n d’Antoine, l’Afrique des années 80. Rien ne semble avoir
changé 25 ans plus tard. L’auteur décédé du SIDA en 1995 a passé le relais à
La Colline théâtre national
avec le soutien du ministère
de la Culture et de la Communication

DRAC Île de –
France Durée: 1h30
Le Bonlieu à Annecy
14 et 15 février 2017
Théâtre National de la Colline
du 21 février au 18 Mars
2017
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche
à 16h
Petit Théâtre
On ne peut qu’être ému par cet hommage, et même si on est parfois perdu dans ce spectacle à la construction hybride, composé de poèmes chantés, de scènes hurlées, de flots de paroles psalmodiées, on oublie ses propres codes théâtraux pour entrer en communion avec Dieudonné Niangouna et la fabuleuse comédienne énergique Diarétou Keita qui est à ses côtés.
Il fallait une comédienne de cette trempe pour faire face à un Dido , tout en nerf, qui attaque chaque phrase tel un guerrier du verbe.

Vous voulez faire la démocratie comme on fait la vaisselle
».
En utilisant la farce et une bonne dose de cynisme, Sony Labou Tansi décrit
à travers le destin d’Antoine, l’Afrique des années 80. Rien ne semble avoir
changé 25 ans plus tard. L’auteur décédé du SIDA en 1995 a passé le relais à
Dieudonné Niangouna qui désormais fait entendre la voix de l’Afrique dans
nos théâtres ; sa prose est salutaire.
Le metteur en scène, habitué à des formats longs (il pourrait tenir des heures entières à parler sur une scène) propose pour la première fois un format
court. On ne peut que l’encourager dans cette voie, car c’est beaucoup plus efficace.

Ce spectacle dans toute sa complexité narrative est un voyage dans sa pensée. Wajdi Mouawad a eu la bonne idée de lui confier la salle du haut du Théâtre National de la Colline. Le dispositif en forme de triangle, en trifrontal, dans l’obscurité nous déconnecte totalement de
notre réalité. Au centre du plateau trône une énorme structure en bois, construite de bric et de broc «à l’Africaine»; c’est le mausolée d’Antoine et de Sony sur lequel sont accrochés des ceintures, des perruques, des colliers, des bouts de bois, et aussi de grandes feuilles avec l’écriture de Sony Labou Tansi. Une sorte d’offrande. Lors de la dernière scène, un long poème enregistré, Dieudonné Niangouna et Diarétou Keita décrochent tous ces oripeaux et les déposent à même le sol. En quittant la salle, n se penche sur les pages de Sony Labou Tansi, on admire la rondeur et la clarté de son écriture. «J’ai faim de ce monde» étaient les derniers mots du spectacle.
On a faim de ce théâtre car il nous fait voyager.

photo: Stéphane CAPRON

 

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