L’homme atlantique et la maladie de la mort: Étrange et délicieux ballet
par Philippe Couture Voir, 13 février, 2014
Photo : Yan Turcotte
Christian Lapointe dialogue depuis toujours avec la notion de disparition: pas étonnant qu’il ait trouvé dans l’écriture de Marguerite Duras un territoire fertile pour approfondir sa pensée. Sa mise en scène de L’homme atlantique et La maladie de la mort, perchée entre théâtre et cinéma, est un ballet délicat et délicieux entre l’amour et la mort.
Dans son cycle de la disparition (CHS, Anky ou la fuite et Sepsis) ou dans ses mises en scène orientalisantes des textes de William Butler Yeats, Christian Lapointe a inventé des formes radicales pour sonder l’essence de l’âme humaine et son dialogue incessant avec sa propre disparition. La mort rôde toujours dans le théâtre de Lapointe, mais on oublie parfois que l’amour est aussi dans sa ligne de mire et que la recherce d’amour fait partie intrinsèque de sa réflexion sur la disparition (et l’impossibilité d’une réelle existence au monde). En s’appropriant les mots de Duras, qui flirtent toujours avec la notion d’absence mais beaucoup avec l’amour et la quête de l’autre, Lapointe se dévoile dans une émotion nouvelle et son spectacle, bien que très formel et entièrement articulé dans une tension entre le corps et l’écran, est porté par une délicatesse qu’on lui connaissait peu. Du moins, les mots de Duras le poussent à ne pas lutter constamment contre l’affect et l’émotion, sans toutefois s’y perdre. Un bel équilibre.