War Horse: Le théâtre version Broadway

War Horse: Le théâtre version Broadway

800240-vu-plus-trois-millions-spectateursCommentaire de Maude Cucchi
le Droit 23 janvier, 2014

«Merci à Jennifer pour son amour et son soutien». «Tout mon amour à ma famille et à mes amis et particulièrement à toi B». «Je t’aime Amy». «Andrew désire remercier son épouse Grace pour son soutien constant et sa patience durant cette tournée»…Et ça n’en finit plus, l’acteur, en apposant sa biographie au programme de la soirée, se croit tenu de remercier le monde entier qui s’est organisé si obligeamment depuis le premier jour pour rendre sa carrière possible.

Ainsi font, par exemple, les comédiens marionnettistes de War Horse (présenté au CNA jusqu’au 26 janvier), et c’est la première chose qu’on lit dès lors qu’on dispose de 5 minutes avant le début de la représentation. Et pour peu que l’on soit arrivé très en avance, il y aurait bien encore à parcourir, mais le lecteur est déjà sur le flanc, et ce serait gâcher une balle. Car la mièvre litanie que nous venons de lire constitue un parfait échantillon du style de War Horse, spectacle pesant et ennuyeux, en anglais et sans sous-titre, qui accumule les clichés de guerre comme autant de vignettes pour manuel scolaire. Le sujet du soir? Les chevaux sur les champs de bataille durant la Première Guerre mondiale.

C’est par une belle image, pourtant, que tout commence. Dans les verts pâturages du Devon, dans le sud ouest de l’Angleterre, un poulain s’ébroue, seul au monde. Il faut le voir bouger, marionnette articulée de la croupe à l’encolure, des fers aux oreilles! Vendu à un fermier qui tire le diable par la queue, Joey le poulain se laissera apprivoiser par l’ado de la famille, Albert. On devine que ces deux-là sont faits pour s’entendre (au cas où ça nous aurait échappé, Albert ne manquera pas de susurrer à l’oreille de sa monture qu’ils sont nés l’un pour l’autre).

Le cheval – devenu adulte par l’opération du Deus ex machina – sert de fil rouge au spectacle, selon un scénario inspiré du roman de Michael Morpurgo.
Vendu à un officier au grand dam d’Albert, Joey traversera la Manche et fera office de monture sur les lignes de front, avant de tomber entre les mains ennemies des Allemands.
De toute évidence, les six chevaux articulés grandeur nature constituent les véritables vedettes de la production. Malgré leur nombre, les comédiens peuvent aller brouter ailleurs. Car ce sont surtout les possibilités qu’offrent les marionnettes qui semblent avoir intéressé les créateurs de ce spectacle venu de Grande Bretagne. Il y avait de quoi faire. Trop, peut-être.

Des images magnifiques où ces engins impressionnants de rouages prennent vie sous l’action de trois manipulateurs – le premier à l’encolure, le second sous la structure et le dernier à la croupe – il y en a bien d’autres, mais noyées dans la lourdeur hiératique de la mise en scène étirée sur 2h40……..(lire la suite…)

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