À tu et à moi: une présence post-moderne qui remonte aux origines de la danse moderne

À tu et à moi: une présence post-moderne qui remonte aux origines de la danse moderne

tu Ç tu et  á moi - 4 - A.CChoeur avec les oranges. Mise en scène de Joël Beddows. Photo: Alexandra Campeau.

L’Atelier de l’Université d’Ottawa, s’inscrit dans une démarche à la fois artistique et savante, menée par le Centre de Recherche en civilisation canado-française.  Il s’agit pour ses animateurs de sortir des chemins battus du réalisme et de contribuer au renouvellement esthétique du théâtre franco-ontarien, tout en formant  une nouvelle génération de chercheurs et de praticiens s’intéressant à ce théâtre francophone hors  du Québec.
Le texte de Sarah Migneron tient  à la fois d’une partition pour voix, et d’un scénario de situations mises en espace par un chorégraphe (on parle de dramaturgie corporelle),  où se mêlent  les voix et les corps qui  font penser aux chorégraphies de la célèbre Martha Graham.

Le résultat qui résulte d’un travail collectif- est la création du  paysage intérieur d’une jeune personne,  instable, fluide et changeante,  dont l’identité est impossible à cerner.  Incarnation d’une présence post-moderne qui se révèlent par bribes, à partir de ses  gestes, de ses pulsions, désirs, hallucinations, et frayeurs.
Les corps  bougent sans arrêt, les créatures s’enlacent, se tiennent, se relâchent et repartent. Elles sourient,  adoptent des rythmes rapides, et expriment leur joie, leurs désirs parfois érotiques, ou cruels, voire sadiques, en gribouillant des graffitis sur les murs, en déchiquetant des oranges et en écrasant la pulpe sur la tête.  Le jus coule sur leur  visage comme un filet de sang. Un moment d’anthropophagie malaisé qui évoque  la dévoration mutuelle possible par ces jeunes créatures en voie de perdre leur humanité.
D’étranges personnages qui, dans leur ensemble, captent  le paysage intérieur d’une jeune personne qui cherche une sœur? Une mère, son double?  La jeune voix qui raconte l’ histoire est frappée par une foule de formes vivantes masqués qui le dévisagent derrière la fenêtre du régisseur.  Dans un  arrière-plan purement théâtral qui inscrit l’identité dans la nature même de la performativité.
Un théâtre qui bannit toute psychologie et qui installe une présence figurative définie  par la réitération de ses mouvements à l’infini. La parole est ici superflue. Ne sommes-nous pas revenus aux origines de la danse moderne?

Le spectacle  co-produit par l’Atelier et le Centre de Recherche en francophonie canadienne,a été  présenté au studio Léonard Beaulne, Université d’Ottawa.

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