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Avignon 2019; Tous mes rêves partent de Gare d’Austerlitz,

Avignon 2019; Tous mes rêves partent de Gare d’Austerlitz,

— Par Michèle Bigot —
Voici l’exemple d’une réussite totale : un spectacle à la fois actuel et intemporel, drôle et dramatique, émouvant et esthétique, tout y est. C’est l’histoire de six femmes en prison, qui se retrouvent dans la bibliothèque le soir de Noël et tentent de conjurer la tristesse par le jeu et la solidarité. Histoire éminemment théâtrale où l’individu conquiert sa liberté par le jeu, le rôle, le mime et le texte. Drôlerie suprême, les filles choisissent d’investir un drame de Musset, et pas n’importe lequel : On ne badine pas avec l’amour. Mohamed Kacimi nous a déjà habitués à ses performances dramatiques : on a vu à Avignon en 2017 Moi, la mort, je l’aime, comme vous aimez la vie. Il réussit comme personne à s’emparer des thèmes les plus tragiques et les plus actuels sans sombrer dans le pathos. Son écriture se signale par une finesse et une justesse d’analyse hors pair. Elle nous fait vibrer en mêlant brillamment le comique et le grave. Ses personnages sont alternativement touchants et drôles. Barbara, Rosa, Marylou, Zélie, Lily et Frida sont des femmes ordinaires : leur crime est d’avoir trop aimé ou d’avoir été trop pauvres pour élever un enfant. Femmes détenues, que personne ne vient visiter, et surtout pas leurs compagnons (« courage, fuyons »), coupées du monde mais solidaires dans leur malheur et ingénieuses. Et voilà qu’elles découvrent le pouvoir de la littérature, la force des mots si on les habite, la magie du théâtre qui transfigure la vie.
La mise en scène de Marjorie Nakache, le jeu parfaitement réglé des six comédiennes, les trouvailles de scénographie donnent à l’ensemble une force quasi shakespearienne.
Bravo au Studio Théâtre de Stains, qui a l’audace de porter sur les planches cette tragicomédie, preuve s’il en était besoin que le théâtre populaire n’est pas une idée de songe-creux et que 9.3 peut nous apporter le meilleur de l’art dramatique.
Michèle Bigot

Festival d’Avignon off 2019,
La Chapelle du verbe incarné 05>27/07 2019

Mise en scène  de Marjorie Nakache

Texte de Mohamed Kacimi

Pied de poule au Théâtre de l’Ile. cette reprise annonce un avenir marqué par des comédiens communautaires doués.

Pied de poule au Théâtre de l’Ile. cette reprise annonce un avenir marqué par des comédiens communautaires doués.

 

Pied de poule, Photo Le Droit, 6 mai 2019

. J’ai eu l’occasion de voir cette production au Théâtre de l’île  où je n’avais pas mis les pieds depuis des mois et quel choc de me trouver dans cette  merveilleuse  salle de réception, sous une belle  toiture en verre et des fenêtres ouvertes à  toute la verdure qui  entoure la maison. On pouvait respirer les pelouses exquises, et observer les castors au bord du Ruisseau de la Brasserie en train de grignoter des troncs d‘arbres  en préparant la construction de leurs  barrages. Une ambiance unique dans toute la région, dont le public  devrait profiter.

Mais revenons au spectacle en question après ce premier choc si agréable!  Le  théâtre musical  est sans aucune doute une des formes spectaculaires que les anglophones identifient  le plus  à la francophonie canadienne. L’incontournable Notre Dame de Paris, Starmania, Les  Belles-soeurs et tant d’autres de grande qualité ont marqué les scènes du Centre national des Arts (Ottawa).   Pied de poule, une reprise communautaire de la comédie musicale  créée en 1982 par le comédien et metteur en scène Mark Drouin, est une parodie du monde artistique peuplé par  tous ceux qui cherchent un avenir au cinéma  hollywoodien. Il s’agit d’une adaptation de sa propre pièce  intitulée François Perdu, Hollywood PQ et le  résultat est une forme de mise en abyme, un spectacle dans un spectacle qui nous entraine loin dans ce monde de jaloux et d’ ambitieux.  Les neuf comédiens de cette reprise, se livrent avec une frénésie sans limite  aux chants, aux  numéros de danse à partir de  tous les rythmes possibles, et des moments de jeux dramatiques qui exigent  un sens d’auto-dérision et de talent comique exceptionnel. Les costumes et le maquillage correspondent à cet esprit de Kitsch qui dominent l’esthétique de la scène.

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Ostermeier, La Nuit des Rois à Paris

Ostermeier, La Nuit des Rois à Paris

Ostermeier, la «Nuit» où «tout le monde est trans»

Par Anne Diatkine

Le directeur de la Schaubühne à Berlin monte avec la Comédie-Française la pièce de Shakespeare «la Nuit des rois…» qui multiplie les jeux de rôle et de genre.

Thomas Ostermeier à la Comédie-Française ? Une évidence, du genre de celles qui paraissent se sceller sur un coin de table en trois minutes. Erreur ! La rencontre entre la maison de Molière et le directeur de la Schaubühne à Berlin n’aurait jamais eu lieu sans l’attention prolongée d’Eric Ruf, bien avant qu’il n’administre la maison de Molière, pour le travail d’Ostermeier.

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L’Amour médecin. Molière fait un joyeux retour au parc de la Gatineau

L’Amour médecin. Molière fait un joyeux retour au parc de la Gatineau

photo Fâcheux théâtre.
Sylvain Sabatié – en Faux médecin.

 

 

L’Amour Médecin  de Molière, Mise en scène de Sariana Monette-Saillant. Ce nouveau volet de « Molière estival » est une production du Fâcheux Théâtre  présenté au parc Sainte-Thérèse à Gatineau.

L’Amour Médecin,  une comédie ballet  de Molière très populaire à la cours mais Molière s’inspire surtout des  types  qui sont représentés par les masques de la  Commedia dell’arte. Cette production date  de 1695.  Représentée pour la première fois par la  Troupe du roi à  Versailles, elle fut  reprise souvent depuis et ce soir à Gatineau, la troupe des « Fâcheux »   joue avec un   merveilleux sens de fantaisie, de liberté corporelle et  de fraîcheur ,  grâce aux quatre comédiens et à une mise en scène débridée de la très douée Sariana Monette-Saillant.

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Parfois le vide : Jean-Luc Raharimanana refait le monde.

Parfois le vide : Jean-Luc Raharimanana refait le monde.

 

Parfois le vide. Photo : Grâce au théâtre d’Ivry et le Tarmac. Jean-Luc Raharimanana et Géraldine Keller.

 

Après  une première lecture de  son  poème Parfois le vide  en Avignon  (juillet 2016), suivie d’une nouvelle étape  de   ce « processus de travail » poético-scénique ,   réalisée au Centre Wallonie-Bruxelles (Paris, 2016) accompagnée  de Géraldine Keller (voix, chant, flûte) , Tao Ravao (cordes)  et Jean-Christophe  Feldhandler (cymbales et percussions) ,   Jean-Luc Raharimanana,  poète,  auteur , metteur en scène,  chantre malgache de ce « putain de mondialisation », continue ses recherches sur les plateaux   du Théâtre d’Ivry et du Tarmac (2018).  Son spectacle le  plus récent est un quintette de voix, humaines et musicales.   Celles-ci  passant des tonalités les plus aigües  aux cordes les plus sombres, portent  l’auteur-acteur au comble de l’expression d’une « rage bestiale »!

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When the Rain Stops Falling (Lorsque la pluie s’arrête) d’Andrew Bovell, mise en scène de Peter Hinton

When the Rain Stops Falling (Lorsque la pluie s’arrête) d’Andrew Bovell, mise en scène de Peter Hinton

when.jpgLe Festival Shaw qui  se déroule chaque année à Niagara on the Lake, au bord du Lac Ontario près de la frontière américaine,  est le seul festival au monde consacré à l’œuvre de  George Bernard Shaw et aux  auteurs dramatiques qui ont émergé pendant son vivant (entre 1856 et 1950).  Cette année, dans le cadre du  Festival Shaw, Peter Hinton, directeur  artistique du théâtre anglais au Centre national des Arts  à Ottawa, a monté  When the Rain Stops Falling (Lorsque la pluie s’arrête), par l’Australien Andrew Bovell.  Cette  première canadienne d’un auteur mieux connu chez nous pour ses scénarios cinématographiques (Strictly Ballroom) que pour ses pièces de théâtre, était une  véritable découverte  et surtout un défi que  Peter Hinton a relevé avec brio.
L’objet de notre regard est la trajectoire mystérieuse de plusieurs générations d’une famille originaire d’Angleterre et d’Australie. Un jeune homme, Gabriel Law (Jeff Meadows) tente de reconstituer la vie de son père Henry (joué par Graeme Somerville avec une puissance tragique remarquable)  qui a disparu quand il avait sept ans. Il ne sait rien de ce père puisque sa mère n’a jamais voulu en parler. Il y a donc des secrets de famille très troublants que le jeune homme voudrait élucider.  Sa quête nous entraîne dans une trajectoire mystérieuse à travers le monde,  alors que le  lien australien marque cette écriture scénique d’une manière inusitée.

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