Ostermeier, La Nuit des Rois à Paris

Ostermeier, La Nuit des Rois à Paris

Ostermeier, la «Nuit» où «tout le monde est trans»

Par Anne Diatkine

Le directeur de la Schaubühne à Berlin monte avec la Comédie-Française la pièce de Shakespeare «la Nuit des rois…» qui multiplie les jeux de rôle et de genre.

Thomas Ostermeier à la Comédie-Française ? Une évidence, du genre de celles qui paraissent se sceller sur un coin de table en trois minutes. Erreur ! La rencontre entre la maison de Molière et le directeur de la Schaubühne à Berlin n’aurait jamais eu lieu sans l’attention prolongée d’Eric Ruf, bien avant qu’il n’administre la maison de Molière, pour le travail d’Ostermeier.

Le metteur en scène allemand, convoité par les grandes scènes internationales, refuse en effet de n’être qu’un nom sur une affiche qui agrémente une saison. Réciproquement, s’il a choisi de mettre en scène la Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez, c’est, dit-il, grâce à la troupe de la Comédie-Française. «J’y réfléchissais depuis cinq ans, mais ce n’est pas le type de pièce qu’on peut monter avec n’importe quelle équipe. Notamment parce que les rôles féminins d’Olivia et de Viola, travestie sous le nom de Césario, sont redoutables. Viola nécessite une actrice qui projette sur son rôle la naïveté, le courage, mais aussi l’androgynie et l’érotisme. On doit sentir que sa réponse à la demande amoureuse d’Oliva ne va pas de soi et qu’elle est profondément troublée par cette femme amoureuse qui la prend pour un jeune homme. C’est un cadeau de jouer Viola [ici Georgia Scalliet, ndlr], mais tant qu’on n’a pas trouvé l’actrice idoine, on renonce à monter la pièce.»

Redoutable, la comédie de Shakespeare, créée à Londres au théâtre du Globe le 2 février 1602, ne l’est pas moins. Ce n’est pas pour rien que la première édition de la pièce, posthume, en 1623, porte la dédicace : «A une grande variété de lecteurs». Manière d’indiquer qu’elle est autant un casse-tête qu’une comédie grand public. Plus de 400 ans après sa création, les interrogations littérales de la Nuit des rois sur la construction de l’identité sexuelle et du pouvoir percutent de nouveau. Les jeux de rôle et de genre où chacun joue à être l’autre, et où personne n’aime celui qu’il croit aimer, donne le tournis à la manière de deux miroirs qui se font face et n’en finissent pas de se refléter. Olivier Cadiot, qui a traduit la pièce de Shakespeare (1) pour Ostermeier : «Tout le monde est trans dans cette pièce où rien ne se fixe jamais, où les jeux de mots circulent souvent sur trois niveaux, et qui a été écrite pendant les grandes découvertes de Galilée, quand la cosmogonie était bouleversée.» Résumons grossièrement le début de l’intrigue. Viola, échouée en Illyrie après un naufrage, se déguise en jeune homme et prend alors l’apparence de son frère jumeau Sébastien, qu’elle suppose mort. Olivia, comtesse du royaume, feint de porter le deuil pour éviter d’être courtisée et ne pas subir les avances du duc d’Orsino. Olivia tombe éperdument amoureuse de cet étrange jeune homme, Césario, entré à son service pour plaider la cause amoureuse d’Orsino. Viola est obligée de cacher son amour pour Orsino. Ici, le travestissement, n’est ni un test, ni un amusement, ni une expérience, mais un chamboulement qui produit des effets en cascade sans retour possible.

On se glisse pendant un cours laps de temps salle Richelieu, où les acteurs répètent, une semaine avant la première représentation. Il s’agit moins d’observer le travail que de capter un instantanée, tout en volant des propos à Thomas Ostermeier, Olivier Cadiot, et Laurent Stocker, qui interprète le rôle de Sir Toby Haut LeCœur, constamment saoul, mais maître de cette épiphanie : la Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez.

Union homo en Illyrie

Viola est comme nous : quand débute la pièce, elle ignore tout du pays de son sauvetage et ce que peut bien être l’Illyrie, figurée sur scène par un banc de sable d’une blancheur de conte de fée – ou de photos de mode. Quelques palmiers en carton-pâte l’égaient, ainsi qu’un magnifique néon en étoile en guise de soleil. Un royaume en trompe-l’œil, vraiment ? Ce leurre est cependant situable. L’Illyrie, qui existait avant d’être annexée par Rome pendant l’Antiquité, recouvre à peu près l’Albanie actuelle. Ce royaume a l’inconvénient de ne pas avoir laissé de traces écrites. On ignore tout de la langue des Illyriens. Sur le plateau, c’est un espace tout en frontières qui se poursuit sous forme d’une fine passerelle légèrement au-dessus des premiers rangs. «Ne pas blesser les spectateurs en laissant traîner à la verticale son épée», s’inquiète un acteur. On ne quitte pas aisément l’Illyrie car, et «c’était connu à l’époque de Shakespeare, la région était infestée de corsaires et de bandits en tout genre», remarque Laurent Stocker. Totalement occulté aujourd’hui : dans cette région du monde, entre le VIe et le XIVe siècle, «le mariage homosexuel catholique et orthodoxe, avec témoins» se pratiquait par un rituel sanctifié par l’Eglise, nous apprend Thomas Ostermeier. «Les hommes passaient des mois à la guerre ou sur un bateau et n’avaient pas envie de se séparer par la suite.» Le nom de ce mariage ? L’adelphopoiia. Thomas Ostermeier : «Je pense que Shakespeare a choisi l’Illyrie pour cette raison.»

Shakespeare a conçu la Nuit des rois à peu près en même temps que Hamlet, et le royaume pourri est autant celui du prince du Danemark que celui d’Olivia, (Adeline d’Hermy), ou celui d’Orsino (Noam Morgensztern), remarque Thomas Ostermeier. Selon le metteur en scène, la conception du personnage d’Olivia ne sort pas de nulle part. «Elle est en miroir avec Elisabeth I, qui se disait mariée avec son peuple et qui était entouré de conseillers qui cherchent à la contenir et à la neutraliser par des épousailles. De même que Hamlet est obligé d’emprunter le masque de la folie pour survivre, de même Viola est forcée de se déguiser pour négocier sa destinée.» Le metteur en scène a retrouvé, dans la pièce, les trois phases théorisées par Judith Butler, à propos du sexe social, du sexe biologique, et du sexe dans lequel on se reconnaît. «Ici, il suffit à Viola de porter les vêtements d’un homme pour être admis en tant que tel.» Et le dénouement a des airs de famille avec la fin de Certains l’aiment chaud, le film de Billy Wilder. Personne n’est parfait.

Débordements d’épiphanie

Tout ce qu’il vous plaira, le sous-titre de la Nuit des rois, laisse entendre une équivalence entre les deux termes du titre. La nuit des rois ? Qu’est-ce à dire ? La dissolution du pouvoir ? Le moment où tous les chats sont gris ? On se souvient que Shakespeare présenta cette comédie pendant les festivités de l’épiphanie, dédiées au carnaval et au travestissement. L’épiphanie, qu’on continue de fêter par le rituel de la galette des rois, n’est pourtant pas née avec le christianisme. «Dans la Rome antique, dit Laurent Stocker, c’était une fête païenne où l’on fourrait, dans une tourte destinée aux esclaves, une fève. Celui qui tirait la part gagnante devenait pendant un jour entier le maître de son maître. Soit l’inversion était tolérée, soit le chanceux était abattu avant de vivre cette nuit des rois.»

Imprévus garantis

Pendant les répétitions, Ostermeier avait apporté des raquettes de badminton afin que les acteurs disent leur texte en se lançant des balles, de manière à l’oublier. Laurent Stocker : «On ne s’est pas servi des raquettes, mais toutes les répétitions commencent par des échauffements et des exercices, ce qui n’est pas forcément habituel au Français. Thomas veut que le texte de Shakespeare surgisse comme si on l’improvisait.» Les exercices peuvent être un bâton tenu en équilibre que les acteurs passent à leur voisin tout en disant sa partition. «La concentration sur l’équilibre permet de ne surtout pas penser à la phrase d’après. L’obsession d’Ostermeier, c’est qu’on soit toujours en mesure de surprendre son partenaire et que même au bout de la 110e représentation, on évite le pilotage automatique.»

Il y aura donc des scènes improvisées chaque soir selon l’actualité et les spectateurs. Elles ne sont pas prévues d’avance. L’intensité, la saisie de l’instant, l’adresse au public : c’est ainsi qu’Ostermeier relie Shakespeare au théâtre du Globe, où la troupe, sur une scène circulaire, était cernée, et le texte, pas encore fixé. Lars Eidinger, comédien star d’Ostermeier dans Hamlet ou Richard III, sait à merveille jouer ainsi avec l’auditoire. Ici, les moments d’imprévus reviendront essentiellement à Christophe Montenez et Laurent Stocker, un peu inquiet, qui sait que cela fonctionnera certains soirs et pas d’autres. Ostermeier : «Je me permets de mêler les époques car selon moi, Shakespeare est l’inventeur du sampling. Il mêle toutes sortes de cultures, joue sur différentes strates de compréhension. Il est postmoderne et éclectique.»

(1) Publié chez P.O.L.

Anne Diatkine La Nuit des rois

ou Tout ce que vous voulez de William Shakespeare

Adaptation et mise en scène de Thomas Ostermeier, avec la troupe de la Comédie-Française. Du 22 septembre au 28 février.

Par Anne Diatkine

Le directeur de la Schaubühne à Berlin monte avec la Comédie-Française la pièce de Shakespeare «la Nuit des rois…» qui multiplie les jeux de rôle et de genre.

Thomas Ostermeier à la Comédie-Française ? Une évidence, du genre de celles qui paraissent se sceller sur un coin de table en trois minutes. Erreur ! La rencontre entre la maison de Molière et le directeur de la Schaubühne à Berlin n’aurait jamais eu lieu sans l’attention prolongée d’Eric Ruf, bien avant qu’il n’administre la maison de Molière, pour le travail d’Ostermeier. Le metteur en scène allemand, convoité par les grandes scènes internationales, refuse en effet de n’être qu’un nom sur une affiche qui agrémente une saison. Réciproquement, s’il a choisi de mettre en scène la Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez, c’est, dit-il, grâce à la troupe de la Comédie-Française. «J’y réfléchissais depuis cinq ans, mais ce n’est pas le type de pièce qu’on peut monter avec n’importe quelle équipe. Notamment parce que les rôles féminins d’Olivia et de Viola, travestie sous le nom de Césario, sont redoutables. Viola nécessite une actrice qui projette sur son rôle la naïveté, le courage, mais aussi l’androgynie et l’érotisme. On doit sentir que sa réponse à la demande amoureuse d’Oliva ne va pas de soi et qu’elle est profondément troublée par cette femme amoureuse qui la prend pour un jeune homme. C’est un cadeau de jouer Viola [ici Georgia Scalliet, ndlr], mais tant qu’on n’a pas trouvé l’actrice idoine, on renonce à monter la pièce.»

Redoutable, la comédie de Shakespeare, créée à Londres au théâtre du Globe le 2 février 1602, ne l’est pas moins. Ce n’est pas pour rien que la première édition de la pièce, posthume, en 1623, porte la dédicace : «A une grande variété de lecteurs». Manière d’indiquer qu’elle est autant un casse-tête qu’une comédie grand public. Plus de 400 ans après sa création, les interrogations littérales de la Nuit des rois sur la construction de l’identité sexuelle et du pouvoir percutent de nouveau. Les jeux de rôle et de genre où chacun joue à être l’autre, et où personne n’aime celui qu’il croit aimer, donne le tournis à la manière de deux miroirs qui se font face et n’en finissent pas de se refléter. Olivier Cadiot, qui a traduit la pièce de Shakespeare (1) pour Ostermeier : «Tout le monde est trans dans cette pièce où rien ne se fixe jamais, où les jeux de mots circulent souvent sur trois niveaux, et qui a été écrite pendant les grandes découvertes de Galilée, quand la cosmogonie était bouleversée.» Résumons grossièrement le début de l’intrigue. Viola, échouée en Illyrie après un naufrage, se déguise en jeune homme et prend alors l’apparence de son frère jumeau Sébastien, qu’elle suppose mort. Olivia, comtesse du royaume, feint de porter le deuil pour éviter d’être courtisée et ne pas subir les avances du duc d’Orsino. Olivia tombe éperdument amoureuse de cet étrange jeune homme, Césario, entré à son service pour plaider la cause amoureuse d’Orsino. Viola est obligée de cacher son amour pour Orsino. Ici, le travestissement, n’est ni un test, ni un amusement, ni une expérience, mais un chamboulement qui produit des effets en cascade sans retour possible.

On se glisse pendant un cours laps de temps salle Richelieu, où les acteurs répètent, une semaine avant la première représentation. Il s’agit moins d’observer le travail que de capter un instantanée, tout en volant des propos à Thomas Ostermeier, Olivier Cadiot, et Laurent Stocker, qui interprète le rôle de Sir Toby Haut LeCœur, constamment saoul, mais maître de cette épiphanie : la Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez.

Union homo en Illyrie

Viola est comme nous : quand débute la pièce, elle ignore tout du pays de son sauvetage et ce que peut bien être l’Illyrie, figurée sur scène par un banc de sable d’une blancheur de conte de fée – ou de photos de mode. Quelques palmiers en carton-pâte l’égaient, ainsi qu’un magnifique néon en étoile en guise de soleil. Un royaume en trompe-l’œil, vraiment ? Ce leurre est cependant situable. L’Illyrie, qui existait avant d’être annexée par Rome pendant l’Antiquité, recouvre à peu près l’Albanie actuelle. Ce royaume a l’inconvénient de ne pas avoir laissé de traces écrites. On ignore tout de la langue des Illyriens. Sur le plateau, c’est un espace tout en frontières qui se poursuit sous forme d’une fine passerelle légèrement au-dessus des premiers rangs. «Ne pas blesser les spectateurs en laissant traîner à la verticale son épée», s’inquiète un acteur. On ne quitte pas aisément l’Illyrie car, et «c’était connu à l’époque de Shakespeare, la région était infestée de corsaires et de bandits en tout genre», remarque Laurent Stocker. Totalement occulté aujourd’hui : dans cette région du monde, entre le VIe et le XIVe siècle, «le mariage homosexuel catholique et orthodoxe, avec témoins» se pratiquait par un rituel sanctifié par l’Eglise, nous apprend Thomas Ostermeier. «Les hommes passaient des mois à la guerre ou sur un bateau et n’avaient pas envie de se séparer par la suite.» Le nom de ce mariage ? L’adelphopoiia. Thomas Ostermeier : «Je pense que Shakespeare a choisi l’Illyrie pour cette raison.»

Shakespeare a conçu la Nuit des rois à peu près en même temps que Hamlet, et le royaume pourri est autant celui du prince du Danemark que celui d’Olivia, (Adeline d’Hermy), ou celui d’Orsino (Noam Morgensztern), remarque Thomas Ostermeier. Selon le metteur en scène, la conception du personnage d’Olivia ne sort pas de nulle part. «Elle est en miroir avec Elisabeth I, qui se disait mariée avec son peuple et qui était entouré de conseillers qui cherchent à la contenir et à la neutraliser par des épousailles. De même que Hamlet est obligé d’emprunter le masque de la folie pour survivre, de même Viola est forcée de se déguiser pour négocier sa destinée.» Le metteur en scène a retrouvé, dans la pièce, les trois phases théorisées par Judith Butler, à propos du sexe social, du sexe biologique, et du sexe dans lequel on se reconnaît. «Ici, il suffit à Viola de porter les vêtements d’un homme pour être admis en tant que tel.» Et le dénouement a des airs de famille avec la fin de Certains l’aiment chaud, le film de Billy Wilder. Personne n’est parfait.

Débordements d’épiphanie

Tout ce qu’il vous plaira, le sous-titre de la Nuit des rois, laisse entendre une équivalence entre les deux termes du titre. La nuit des rois ? Qu’est-ce à dire ? La dissolution du pouvoir ? Le moment où tous les chats sont gris ? On se souvient que Shakespeare présenta cette comédie pendant les festivités de l’épiphanie, dédiées au carnaval et au travestissement. L’épiphanie, qu’on continue de fêter par le rituel de la galette des rois, n’est pourtant pas née avec le christianisme. «Dans la Rome antique, dit Laurent Stocker, c’était une fête païenne où l’on fourrait, dans une tourte destinée aux esclaves, une fève. Celui qui tirait la part gagnante devenait pendant un jour entier le maître de son maître. Soit l’inversion était tolérée, soit le chanceux était abattu avant de vivre cette nuit des rois.»

Imprévus garantis

Pendant les répétitions, Ostermeier avait apporté des raquettes de badminton afin que les acteurs disent leur texte en se lançant des balles, de manière à l’oublier. Laurent Stocker : «On ne s’est pas servi des raquettes, mais toutes les répétitions commencent par des échauffements et des exercices, ce qui n’est pas forcément habituel au Français. Thomas veut que le texte de Shakespeare surgisse comme si on l’improvisait.» Les exercices peuvent être un bâton tenu en équilibre que les acteurs passent à leur voisin tout en disant sa partition. «La concentration sur l’équilibre permet de ne surtout pas penser à la phrase d’après. L’obsession d’Ostermeier, c’est qu’on soit toujours en mesure de surprendre son partenaire et que même au bout de la 110e représentation, on évite le pilotage automatique.»

Il y aura donc des scènes improvisées chaque soir selon l’actualité et les spectateurs. Elles ne sont pas prévues d’avance. L’intensité, la saisie de l’instant, l’adresse au public : c’est ainsi qu’Ostermeier relie Shakespeare au théâtre du Globe, où la troupe, sur une scène circulaire, était cernée, et le texte, pas encore fixé. Lars Eidinger, comédien star d’Ostermeier dans Hamlet ou Richard III, sait à merveille jouer ainsi avec l’auditoire. Ici, les moments d’imprévus reviendront essentiellement à Christophe Montenez et Laurent Stocker, un peu inquiet, qui sait que cela fonctionnera certains soirs et pas d’autres. Ostermeier : «Je me permets de mêler les époques car selon moi, Shakespeare est l’inventeur du sampling. Il mêle toutes sortes de cultures, joue sur différentes strates de compréhension. Il est postmoderne et éclectique.»

(1) Publié chez P.O.L.

Anne Diatkine La Nuit des rois

ou Tout ce que vous voulez de William Shakespeare

Adaptation et mise en scène de Thomas Ostermeier, avec la troupe de la Comédie-Française. Du 22 septembre au 28 février.

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